Institute for Public Affairs of Montreal
Vertu et prohibition
Virtue and Vice


De confiner la vertu de liens raisonnables<br>The Self-Abnegation of the New Prohibitionists
Beryl P. Wajsman 10 Mars 2005  

« C’est la fonction du vice de confiner la vertu de liens raisonnables. »

~ Samuel Butler

 

Les meurtres de quatre agents de la GRC en Alberta seront d'autant plus tragiques si ces morts lèguent une réaction nationale clamant le récidivisme de lois puritaines visant à réglementer la moralité et légiférer la vertu. Par conséquent, le simple fait que la convention libérale tenue cette fin de semaine ait examiné une résolution resserrant les lois contre les cultivateurs de marijuana est inquiétant. 

 

Depuis l'époque de la Prohibition des années 1920, l'histoire récente nous démontre que les tentatives de l'État de s'employer à l'ingénierie sociale sont vouées à l'échec. L'homme aura toujours ce qu'il veut; et ce faisant, affermira le soi-disant élément criminel parmi nous.

 

Les quatre agents ont perdu la vie en appliquant des lois relatives aux drogues; des lois qui n'ont pas lieu d'exister. Depuis Trudeau, les gouvernements se succédant ont tenté, et ont échoué face à une opposition virulente d'une droite rétrograde, de les radier des livres. Jusqu'à présent, les lois régissant les armes à feu auront coûté plus d'un milliard de dollars, sans commission d'enquête, et sont futiles puisque les criminels ne déclarent pas leurs armes. Faut-il une ruade pour que nos législateurs comprennent une réalité pourtant bien simple?

 

Ceux qui diront que le coup porté à la santé par la consommation de tabac, d’alcool et de drogues représente un fardeau au système des soins de la santé, ne savent certainement pas que les citoyens qui s'adonnent à ces plaisirs hédonistes défraient des taxes de consommation faramineuses - huit fois supérieures à celles payées par le Canadien moyen - la plupart desquelles assurent la subsistance dudit système des soins de la santé. Les bons vivants ont aussi tendance à casser leurs pipes plus jeunes et représentent donc un moindre fardeau au système des soins chroniques. Le choix est leur. Et comme l'a souligné Irwin Cotler, ministre de la Justice, lors de l'étude de la légalisation du suicide secondé, le choix est la substantifique moelle d'une société libre.

 

Lorsque Trudeau a dit que le gouvernement n'avait pas sa place dans le lit des gens, il sous-tendait qu'il n'avait pas de place à réglementer les faits et gestes d’adultes consentants. Rien de cette vie ne sera parfait. Les législations ne pourront pas résoudre tous les problèmes. Aucun politicien ne devrait prétendre le contraire et s'octroyer le droit de mettre en vigueur des lois guindées visant à microgérer chaque aspect de nos vies. Ils devraient être démasqués : des fonctionnaires aussi lâches qu'improductifs, titubant d'une élection à l'autre, redoutant s'attaquer aux intérêts acquis des enjeux réellement importants, nécessaires pour protéger le bien public. En fondant un groupe de travail, ils croient générer juste assez de fourrage pour nourrir la machine à propagande électorale le temps venu. Comme l'a dit si bien Tacite : « Jamais les lois ne furent plus multipliées que quand l'État fut le plus corrompu. »

 

L'élite politique du Canada se veut réellement les prohibitionnistes d'aujourd'hui. Pour paraphraser l'écrivaine Anne Hingston, on « restreint sans jamais discuter. »

 

D’une part, le gouvernement fédéral songe à légaliser la marijuana. D’autre part, il propose donner carte blanche au corps policier pour arrêter les conducteurs et effectuer des fouilles arbitraires de leurs véhicules à la recherche de drogues. Le Premier ministre du Québec, Jean Charest, voulant apaiser les groupes des droits de la femme, légifère l’article 143 du Code du travail permettant ainsi aux travailleurs de poursuivre l’employeur pour un nouveau délit nommé « harcèlement psychologique. » Le ministre ontarien de la Consommation, Jim Watson perd un ami dans un accident de patins à roues alignées puis tout le monde enfourchant un vélo ou une mobylette en Ontario doit porter un casque. Son collègue, Gérard Kennedy, le ministre de l’Éducation veut garder les adolescents sur les bancs d’école; qu’ils veuillent étudier ou non, il leur interdit de décrocher avant l’âge de 18 ans et fait la sourde oreille à ce qu’en pensent leurs parents. Le maire de Montréal, Gérald Tremblay autorise les cameras policières de rue dans le Quartier Latin ostensiblement pour parer au trafic de drogue; mais ce faisant, il brime la vie privée de chaque citoyen en capturant, sans aucune discrimination, des images de chaque passant.

 

Les prohibitionnistes contemporains partagent un sentiment anti-libéral en cherchant à limiter les libertés fondamentales de la loi naturelle qui est le patrimoine de chaque Être. Ils ont la partie belle car les Canadiens se sont résignés à la souveraineté de l’auto abnégation. Les Canadiens sont un peuple intimidé par leur propre remise en question, dictée par la jalousie de la croyance en soi des autres. Ils ont par effet même créé une tyrannie autogène qui étouffe l’intégrité et la conscience individuelles et troqué ces valeurs pour la fausse sûreté exigée par un consensus bureaucratique sous l’égide de l’état.

 

Le rôle du gouvernement se doit d’être persuasif et éducatif, et non compulsif ni coercitif, que les habitudes personnelles des citoyens soient odieuses ou non. Nos gouverneurs se livrent à des interventions incontrôlées dans le domaine du privé pour infliger aux gouvernés un comportement vertueux. Mais les législateurs ne savent pas ce qui est bon pour nous. Ils savent à peine ce qui est bon pour eux. Le rôle de l’État est de nous protéger l’un de l’autre, non pas de nous-mêmes.

 

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VIRTUE AND VICE

THE SELF-ABNEGATION OF

THE NEW PROHIBITIONISTS

 

“Change in a trice

The lilies and languors of virtue

For the raptures and roses of vice.”

~ Algernon Swinburne

 

“It is the function of vice to keep virtue within reasonable bounds.”

~ Samuel Butler

 

 

The murders of four RCMP officers in Alberta will be made all the more tragic if their deaths produce a legacy of  national reaction for more recidivist blue laws that seek to regulate morality and legislate virtue. For that reason this weekend’s adoption by the Liberal convention of a resolution to toughen laws against marijuana growers is cause for concern.

 

Recent history, from the time of Prohibition in 1920’s America, has demonstrated that attempts by the state to engage in social engineering are doomed to failure. People will get what they want. And in so doing strengthen the so-called criminal elements among us. The only proper role for state security is to protect citizens from violence and from threats of, or incitement to, violence.

 

The four officers died enforcing drug laws that had no business being on the books. And from the time of Trudeau successive governments have tried,  and failed, in the face of virulent opposition from the retrograde right, to get them off the books. The gun laws that have so far cost a staggering $1 billion, with no Commission of Inquiry, are just as futile because criminals don’t register. It shouldn’t take a kick in the head for our legislators to understand this simple reality.

 

To those who would argue that the health costs of indulgence in tobacco, alcohol and drugs are a strain on the health-care system, we would remind them that citizens who indulge in hedonistic pleasures pay enormous consumption taxes on the products they buy--eight times greater than average Canadians--most of which go to support the health-care system, They also tend to die younger thereby being less of a burden on the chronic-care system. That is their choice. And choices, as Justice Minister Cotler has pointed in his arguments for studying the decriminalization of assisted suicide, are the point of a free society.

 

When Trudeau said that government has no place in the bedrooms of the nation he also meant that it had no role regulating actions of consenting adults. Not everything is going to be perfect in life. Not every problem can be solved by legislation. No politician should pretend it can and be allowed to put into force straightjacket law that seeks to micro-manage every aspect of our lives. They should be exposed for what they truly are. Unimaginative and cowardly functionaries staggering from election to election who, fearful of tackling the vested interests on the really important issues necessary to protect the public good, hope that creating some body of work will provide just enough fodder for some publicity come election time. As Tacitus wrote, “When the state is most corrupt, the laws are most multiplied.”

 

Canada’s political elite can truly be called the new prohibitionists. To paraphrase writer Anne Hingston they “Restrict first, discuss never.”

 

The Federal government makes noises about decriminalizing marijuana, but at the same time proposes to give police unlimited powers to stop drivers for random drug checks in their cars. Quebec Premier Jean Charest, in an effort to placate women’s rights groups, legislates sec.143 of the Labour Code permitting workers to sue employers for the novel tort of “psychological harassment”.  Ontario’s Consumer Affairs Minister Jim Watson’s friend dies in an inline-skating accident so everyone in Ontario is forced to wear a helmet if they take a bicycle or scooter. His colleague Gerard Kennedy, the Education Minister, wants teens to stay in school so he orders them not to drop out till age 18, no matter how little they want to be in class and no matter what their parents think. Montreal’s Mayor Gerald Tremblay authorizes police cameras at street level in the city’s Latin Quarter ostensibly to curtail drug sales, but that in fact violate the privacy of all citizens by indiscriminately capturing images of the activities of all passersby.

 

What the new prohibitionists share is an anti-liberal sentiment in that they seek to curtail the basic liberties of natural law that is the patrimony of every human being. They get away with it because Canadians have surrendered to the sovereignty of self-abnegation. They have become a people plagued by a self-doubt driven by a jealousy of others’ self-belief. And in the process have created a self-imposed tyranny that mutes individual integrity and conscience and trades them for the false security demanded by state-sponsored bucreacratic consensus.

 

Modigliani’s painting, Dylan Thomas’ poetry, Hemingway’s novels and even Tom Paine’s polemics would be lost to the ages if they had to survive on alfalfa sprouts and vitamins and succumb to political correctness and temperance. Our lives would be the worse for it, devoid of passion or purpose.

 

Government’s role must be one of persuasion and education, not compulsion and coercion, no matter how odious a citizen’s personal habit may be. The dark-side of  our governors is that they engage in unbridled intervention in matters of private domain to punish the governed into virtuous conduct.  But legislators don’t know what’s right for us. They barely know what’s right for themselves. The role of the state is to protect us from each other, not from ourselves.

 

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